La politique est un art difficile...
Je veux parler ici de politique au sens noble du terme, le sens originel qui signifie "gérer les affaires de la cité" avec l'implicite "dans l'optique du bien global". Je ne veux pas parler de politique politicienne, qui consiste pour la plupart de membres actuels de la classe politique de notre pays à essayer de remporter les prochaines élections, et à cumuler le plus de mandats possibles.
Donc, la politique serait, entre autres, l'art d'orienter les choix et actes des citoyens vers des conduites qui maximisent le bien global. Nous parlerons de ce qu'il conviendrait de définir comme bien global et des critères qui permettent d'évaluer la contribution des conduites à ce bien global une autre fois: cela appellerait probablement bien des controverses. Examinons pour commencer les moyens possibles: la plupart peuvent être classés dans l'une des deux catégories que sont la coercition et l'incitation.
La coercition, c'est rendre obligatoire, par le le biais de la législation et des réglementations. Dans le contexte français de pléthore législative dont même l'actuel président de la République en a reconnu le caractère pesant et handicapant pour l'avenir du pays, au point qu'il fasse du "choc simplification administrative" une des priorités de sa politique, il est cocasse -et en même temps affligeant- de constater qu'une partie de la classe politique cherche encore à empiler d'autres textes réglementaires, ainsi la proposition d'obliger les jeunes médecins diplômés à s'installer dans les endroits où il est considéré qu'il y a besoin de plus de médecins. Par ailleurs, obliger nécessite de contrôler, et éventuellement de sanctionner faute de quoi l'obligation n'a pas d'autre effet perceptible que d'alourdir encore plus une réglementation déjà obèse. On a pu le vérifier avec la fameuse obligation de formation médicale continue (FMC), dont l'échec a conduit nos inénarrables politiciens à la renommer développement professionnel continu (DPC)...
Mais contrôler et sanctionner ne se fait pas sans occuper du personnel, qui pendant ce temps ne fait rien de vraiment productif: est-ce réellement le plus judicieux choix dans un pays dont la part des dépenses publiques avoisine les 57% et où le président de la République a également fixé comme cap celui de la réduction des dépenses publiques, ou plus exactement l'efficience des dépenses publiques (cf la fameuse MAP) ? Sans compter que toute coercition ne manque pas de générer son mouvement de résistance, et l'on peut parier que les médecins sont suffisamment dégourdis pour mettre en place des stratégies de contournement efficaces.
Au final, le résultat de ce type de politique est d'amener les acteurs économiques à consacrer une partie de leur temps à mettre en oeuvre le contournement au lieu de le dédier aux activités productives, et pire encore, au-delà de ce gaspillage de temps productif, d'aggraver la défiance déjà bien installée entre les médecins libéraux et leurs autorités de tutelle.
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