jeudi 2 mai 2013

Réserver la vaccination aux médecins ?


  En parcourant ma TL de Twitter de ce jour, je tombe sur une tweet mentionnant le communiqué de MG-France qui demande à "remettre le médecin généraliste au coeur du dispositif de vaccination". La lecture de ce communiqué me fait penser à plusieurs choses:

1- Il est vrai que la défiance des patients est devenue grande depuis qu'ils ont pu constater le caractère inapproprié des décisions des autorités sanitaires sur certains sujets, influencées qu'elles étaient soit par des conflits d'intérêt directs, soit par l'avis d'experts bardés de ces mêmes conflits d'intérêt.

2- C'est une réaction de défense qui est probablement surtout suscitée par la volonté affichée des autorités sanitaires d'élargir le champs de compétence d'autres professionnels de santé à des actes simples qui jusque là étaient l'apanage des médecins généralistes et qui comportaient l'avantage de venir rééquilibrer un peu une lourde journée de consultations souvent complexes.

3- Pourtant cette dernière raison, qui me semble tout aussi légitime que celle qui consiste à rappeler le caractère singulier de la décision qui clôt une consultation médicale, n'est pas mise en lumière. Le risque existe donc que ceux qui comprennent ce qu'il peut y avoir en plus de la raison invoquée en conçoivent également une suspicion à l'égard de l'instance qui émet cette communication.

4- Comme j'ai déjà l'occasion de l'exprimer, je pense que la délégation des actes simples aux paramédicaux qui peuvent les réaliser dans de bonnes conditions est une bonne chose dans l'absolu, car cela permettrait de dégager du temps-médecin qui pourrait être consacré à des actes relevant davantage de la spécificité du médecin. Mais il faut pour cela accompagner cette délégation d'une refonte du mode de rémunération du médecin, sans quoi on court le risque réel d'une désaffection accrue pour l'exercice libéral de la médecine générale.

5- La vaccination peut en effet être décomposée en deux phases: la phase de décision de vacciner ou non, et la phase d'administration de l'injection en cas de décision de vacciner. On retrouve ici la dualité information / geste qui sous-tend la plupart des actes médicaux (qui est un sujet important à mes yeux, à développer par ailleurs). Je pense que la phase d'administration peut être avantageusement confiée aux paramédicaux correctement formés pour ce faire. Je pense que la phase de décision peut elle-même être scindée en une phase d'information pouvant être effectuée de manière collective: un exposé du médecin devant une assemblée de patients, un peu sur le principe de l'éducation thérapeutique. Cette séance d'information devrait être rémunérée de façon à ce que le montant pour le médecin soit inférieur à la somme des consultations avec chaque patient assistant à la séance, ce qui générerait des économies pour le budget de la dépense collective de soins, et durer moins que l'addition des durées de consultation de tous les patients présents s'ils avaient dû consulter le médecin sur ce sujet, ce qui dégagerait du temps-médecin sans pour autant pénaliser le médecin effectuant cette tâche. Si au terme de la séance d'information, certains patients ont malgré tout besoin d'un colloque singulier avec leur médecin afin de discuter de points qui leur sont très spécifiques, une consultation pourra avoir lieu pour aboutir à la conclusion de la phase de décision.

  Je n'ai pas encore le temps de le développer ici, mais je pense que le budget de la dépense collective de soins pourrait bénéficier de ce modèle de fonctionnement pour concilier un meilleur accès aux soins tout en optimisant les coûts et sans décourager les professionnels de santé ni compter sur une augmentation prochaine de leurs effectifs.

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